
Devant l’image
« L’apparition d’une image, pour autant qu’elle soit « puissante », efficace, nous « saisit », donc nous dessaisit. C’est tout notre langage qui est alors, non pas supprimé par la dimension visuelle de l’image, mais remis en question interloqué, suspendu. Il faut ensuite de la pensée, et même du savoir -beaucoup de savoir-, pour que cette remise en question devienne remise en jeu : pour que, devant l’étrangeté de l’image, notre langage s’enrichisse de nouvelles combinaisons, et notre pensée de nouvelle catégories. Être devant l’image, c’est à la fois remettre le savoir en question et remettre du savoir en jeu. Il faut n’avoir peur ni de ne plus savoir (au moment où l’image nous dessaisit de nos certitudes), ni de savoir plus (au moment où il faut comprendre ce dessaisissement lui-même, le comprendre dans quelque chose de plus vaste qui concerne la dimension anthropologique, historique ou politique des images). »
Georges Didi-Huberman – L’expérience des images – INA Éditions
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