
« Comment, dès lors, ne pas voir ou entrevoir tous ces traits, toute cette graphie, comme la mémoire ou le relevé de déchirures en acte, de déchirures vivantes ? Toute lézarde sur une vitre précède et nomme le bris, l’effondrement du plan. Toute lézarde sur une muraille raconte le travail plus ou moins sourd d’une ruine, d’une chute causée par un processus de dissociation, d’ouverture interne. Ici, sur la paroi, toute graphie cachera donc un creux virtuel. Or, tout creux nous parle – en sculpture, comme dans l’expérience visuelle ou fantasmatique la plus intime – de notre corps. Notre corps livré, non à l’espoir d’une définition ou d’une sommation (d’une assomption), mais à cette inquiétude ou toute graphie nous parlera d’anatomie, mot dont l’étymologie, on le sait, ne parle elle-même que de déchirure ou de découpe. »
Georges Didi Huberman – La demeure, la souche – Apparentements de l’artiste – Les éditions de minuit – 1999
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