
C’est pour toi !
Le serviteur
(…) Ne me demande plus de nouvelles conquêtes : Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.
La reine
Quel sera ton service ?
Le serviteur
Celui de tes loisirs. Je garderai fraîche l’herbe du sentier où tu marches au matin et où, à chacun de tes pas, les fleurs avides de mourir bénissent le pied qui les foule.
Je te balancerai parmi les branches du steptaparna, tandis que la lune, tôt levée dans le soir, s’efforcera à travers les feuillées de baiser ta robe.
Je remplirai d’huile odorante la lampe qui brûle près de ton lit et, de merveilleux décors de santal et de pâte de safran, je décorerai ton tabouret.
La reine
Qu’auras-tu pour récompense ?
Le serviteur
La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons pareil à de tendres lotus, et de passer autour de tes bras des chaînes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge de l’Ashoka et d’y cueillir, dans un baiser, le grain de poussière qui par mégarde pourrait y être égaré.
La reine
Mon serviteur, tes prières sont exaucées. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.
Rabindranath Tagore – Le jardinier d’amour – Gallimard – 1963
Seule la lumière avait cette grâce, juste un sentir d’été sur la lèvre du jour
Parfois le regard a cette douceur de feuille, où se lisse le jour dans la lumière
Et parfois d’une feuille se tendrait l’orbe clair, et se déchireraient les ombres du jour, et soudain, si proches, la douceur et le grâce, la caresse d’un bonheur de lumière, peut-être ivresse légère d’un souvenir, où du monde ne fut plus que saveur divine
Comme une ostension de lumière, et du jour se délivre le sourire si pur, et s’effacent les traces, où l’ombre dessinait ses contours, seul un secret de clarté
Et s’il n’était que ce toucher de soie, comme un respir de la lumière, dans un souffle d’été
Tu te souvenais, Il était l’impalpable, et si puissante, une Présence, comme un toucher de lumière effleure à peine le jour, et lui délivre, en plénitude, son essence de vie