
Laisser la place aux mots de Louise …
Louise fait des études d’attachée de presse et elle est venue faire un stage à l’atelier. Une des tâches qu’elle s’est assignée était de rédiger mon portrait. Je vous livre ici l’intégralité de son texte, touchant et beau.
Nathalie Magrez. « Femme image » .
Féminine et féministe, rêveuse et authentique, Nathalie vit dans un monde composé de
« boîtes à images ». Ces petites valises remplies d’images tendrement soignées sont le
fruit de ses explorations artistiques et accompagnent ses pensées imaginatives.
« Une plongée dans les images au quotidien »
Née d’une mère enseignante et d’un père travaillant dans le bâtiment, la fibre artistique est
apparue à Nathalie sans qu’on puisse l’augurer. « Crayon dans les mains depuis que je suis née,
mais je l’ai saisi toute seule ! », plaisante l’artiste. Son besoin d’exploration du monde artistique
reste pour elle, d’origine mystérieuse, « Il est né dans moi, naturellement, je l’ai su très tôt. »
affirme-t-elle.
Nathalie goûte à l’appareil-photo à l’aube de sa septième année, et s’invente un univers autre
que celui dans lequel elle grandit. Elle éprouve une affinité particulière avec cet outil mais n’en fait
pas pour autant son domaine de prédilection. Elle s’ancre, selon elle, dans «Tous les arts, tout ce qui
touche l’image et la manière de produire une image.»
Sa liaison à l’art a germé à travers sa passion pour la peinture occidentale depuis le Moyen-Âge
jusqu’à l’époque moderne. De plus, elle développe des travaux inspirés par le savoir artistique
chinois. Nathalie a étudié à l’Institut des langues orientales ; de ces années d’étudiante, elle garde un
enrichissement par la pensée et la poétique chinoise. Ce qui la touche et l’intéresse le plus
dans cette culture chinoise est que « tout s’interpénètre ». L’interconnexion dans les images, pour
Nathalie, encourage la croisée de différents mondes et aiguise sa curiosité d’artiste et de femme.
« Et pendant ce temps-là, Nathalie photographie ».
Nathalie négocie l’art avec une expression charnelle. Une relation physique ainsi
qu’émotionnelle. « Tu es femme image, me dit souvent mon ami Tieri » confie-t-elle. Un des thèmes
travaillé et retravaillé par l’artiste est celui, justement, des femmes. « Regarder respirer la peau des
femmes» «dans un travail au corps. » Pour elle, le lien entre l’art et le corps est une déclaration
d’acceptation de soi. Nathalie pense que « tout reste encore à faire pour ce qui concerne les
femmes, que rien n’est encore gagné ». De même, lorsqu’on lui demande pourquoi cet attrait pour le
travail sur les femmes, elle répond « peut-être parce que je suis femme, tout simplement, cela
m’aide à dire ce que je peux sentir et ressentir » .
Dans ses images, Nathalie dévoile un cheminement réflexif portant sur le tout féminin. Un art
sensuel, de complexité, de complicité. « Montrer la force dans les fragilités et ce corps que l’on
oublie toujours.» Les fragilités : « la beauté est dans la fragilité ». L’artiste continue sa quête de la
faille, de la vulnérabilité, une chasse à la beauté, bien évidemment, mais pas nécessairement
esthétique, car pour elle, « la vraie beauté est aussi présente dans la laideur ».
Au-delà de cette affection personnelle et privilégiée avec le corps féminin, Nathalie attrait au
monde végétal, au mouvement, à la fluidité. « C’est le souffle qui nous anime » confie-t-elle.
L’artiste accoste sa liaison à la nature avec intimité : « À force de les regarder, de les
photographier, j’apprends à voir les arbres. Il me faut maintenant essayer de les écouter. »
Dans sa relation à la peinture, elle aime découvrir le lien contradictoire et complémentaire du
clair et de l’obscur. Sa connexion au monde de l’art réside aussi dans sa conquête des matières, des
dissemblables chemins d’utilisation, des multiples rendus qu’elles délivrent.
Pour autant, le milieu artistique devient, selon elle trop dicté par des modes « vraiment
pénibles ». Le marché de l’art découle de plus en plus du financier, les institutions liées aux modes
transforment le monde de l’art en une analogie sans contradiction et sujette aux jugements sans réel
fondement. La négation du monde artistique loge dans ces dictats, selon Nathalie, qui ne conçoit pas
l’art comme une source de grandeur. C’est une nécessité pour elle, un besoin. « Vital mais pas pour
la postérité ». Une des forces de Nathalie dans cet univers est son obstination ; sa philosophie
repose sur le « ne rien lâcher », bien qu’elle insinue aussi que cette ardeur puisse aussi devenir une
faiblesse, lorsqu’elle demeure difficile à canaliser. Malgré tout, Nathalie continue son bol d’air
artistique et entend poursuivre son aspiration. « J’aime les rêves illusoires de la photographie.
C’est ainsi.»
(Louise débute sa carrière, si vous voulez la joindre : Louise Cibrario : 07 82 52 34 08 et cibrario.lossa@gmail.com).
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