
Éloge de la légèreté
Un jour, dont nous avons perdu la mémoire, mais d’où a découlé toute notre histoire, les plus intelligents des anciens Bédouins, épuisés de transporter, à travers le désert et les pâturages, les statues si lourdes et dures de leurs dieux nombreux, veaux d’or et boucs creux de plâtre, inventèrent de laisser à terre ces morceaux de marbres ou formes de métal qui les amarraient encore aux moeurs locales des sédentaires, pour vivre légers.
Corps sans entraves, mains libres, épaules nues, il leur sembla soudain qu’ils volaient : au-dessus de la plaine, sous la voute gigantesque et vide que leur tête levée voyait pour la première fois, ils psalmodiaient – car il ne leur restait que paroles et musique.
(…)
Notre intelligence brille encore des larmes qu’ils versaient en chantant.
Votre commentaire